La cabane des Passeurs au port de Candes-Saint-Martin est
une petite bâtisse en bois un peu vétuste mais pleine de charme qui est mise
gracieusement à la disposition de notre société de pêche par la mairie. Nous
l’utilisons principalement pour nos réunions pendant la belle saison car il n’y
a pas de chauffage et elle est de par sa situation le lieu central de nos
activités lors de la fête de la pêche en Juin, du barbecue gratuit pour nos
adhérents, notre participation à la fête des ricochets organisée par le comité
des fêtes en Juillet ainsi que pour les démonstrations et initiations de pêche
aux leurres et au coup.
Cette cabane à une histoire ; plusieurs fois rénovée,
elle abritait autrefois les passeurs du bac de la Vienne. C’est pourquoi il
nous a semblé opportun de faire ce petit reportage du temps passé avec le
témoignage d’un ancien passeur.
Les passages commencent en 1858-1860 avec l’utilisation
d’une charrière pour traverser la Vienne jusqu’à l’arrivée du transbordeur
communément appelé bac fabriqué en 1928 par les chantiers « Roche Maurice »
de Nantes.
Les traversées étaient gratuites, les frais de
fonctionnement étaient financés par le département d’Indre-et-Loire.
Mr. Maurice MOIRIN coiffé de son inséparable casquette, 85 ans demeurant à
Saint-Germain-sur-Vienne a eu la gentillesse de nous parler de sa carrière de
passeur.

A partir de 1952, le service des Ponts et Chaussées ancêtre de l’actuelle D.D.E.
de Chinon ont embauché Maurice MOIRIN comme passeur. Il a travaillé
successivement avec Raymond FOUCHER, Henri BRUGIERE et Léandre MOIRIN le frère
de Maurice. Maurice et Henri ont été les derniers passeurs, leurs activités ont
cessé avec la fermeture définitive du bac le 23 Novembre 1969, la construction
du pont enjambant la Vienne étant achevée.
Le bac était ouvert tous les jours, Dimanche et jours fériés
y compris, 2 personnes se relayaient
donc par demi-journées du lever du jour au coucher du soleil ou jusqu’à 20
heures. Entre chaque passage, l’attente se faisait dans la cabane.
Maurice raconte : « il y a eu de bons
moments passés entre copains, comme moi c’étaient des bons vivants. Comme
j’habitais à Candes-Saint-Martin, il n’était pas rare non plus que je sois
réveillé la nuit par les jeunes qui rentraient du bal et qui voulaient
traverser pour rejoindre Savigny-en-Véron. Il y a eu aussi les passages
périlleux en pleines crues notamment pour récupérer en pleine nuit les moutons
ou les vaches du bocage et les sauver des eaux ».


Les traversées se faisaient en bac mais il y avait aussi une
charrière de secours.
Le bac mesurait environ 17 mètres de long et 6 mètres de
large avec une capacité de 10 tonnes. Il transportait les personnes, les
marchandises (légumes, …), les voitures (7 à 8 maxi), les cailloux, … L’été, au
moment des basse-eaux, il fallait limiter les charges pour éviter les risques
d’ensablement. Il était guidé par 2 énormes chaines de 320 mètres pesant 3.5
tonnes chacune, elles traversaient la Vienne et reposaient au fond. Pour
mouvoir le bac, il y avait un système de 8 poulies horizontales pour décoller
les chaines du fond de l’eau, de 4 guides et de 2 barbotins ( voir photo) entrainés
par un gros moteur Bernard de 22 cv puis par un moteur Renault Couach de 30 cv.
Les barbotins étaient changés tous les 2 mois et les chaînes étaient inusables.
La charrière était une barque plate en bois de 12 mètres de
long. Elle servait de dépannage ou pour les petits passages. Elle était guidée
par une poulie sur un câble en acier
traversant la Vienne et tendu en biais à 7 ou 8 mètres de hauteur. Elle
était mue par la seule force du courant, le câble étant incliné suivant le côté
de la traversée.


De tout cela, il ne reste plus aujourd’hui que la cale de
Candes-Saint-Martin qui sert de mise à l’eau pour les barques des pêcheurs et
la cabane des Passeurs en surplomb, vestige d’une époque révolue mais non
oubliée. L’histoire continue puisque la commune va entreprendre des travaux de
rénovation de la cabane en 2015, en cela nous la remercions
sincèrement.
Ce petit reportage a été réalisé par des membres du bureau
de notre société de pêche :
Cyril PLISSON, Franck JOYEUX et Michel PLANTROU